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SHN : dépression et après carrière

SHN : dépression et après carrière

Le bien-être psychologique des sportifs de haut niveau peine encore à être reconnu par les instances professionnelles. Ces derniers sont pourtant de plus en plus nombreux à témoigner de leur mal-être.

Vivre confortablement de sa passion… une vie de sportif que beaucoup idéalisent. Dans un univers souvent associé à l’argent, le sujet de l’aide psychologique peut être délicat. Pourquoi aider psychologiquement des « privilégiés » ? Si l’idée peut sembler déplacée, les apparences sont pourtant trompeuses. L’athlète de haut niveau qui se doit d’être constamment au top physiquement comme mentalement, n’est pas intouchable.

La dépression est une rupture opérant en silence. Ce qui la rend difficile à identifier, c’est qu’elle survient généralement de façon progressive. Il est possible de la repérer aux travers de divers symptômes : le désintérêt, le manque d’envie, la fatigue, les angoisses, les insomnies, l’irritabilité, des douleurs physiques nouvelles, etc.

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Des traumatismes invisibles mais bien réels

En 2009, le gardien allemand Robert Enke mettait fin à ses jours en arrêtant sa voiture sur un chemin de fer à Brême. Un drame qui a incité le syndicat des joueurs allemands a demander la présence obligatoire d’un psychologue dans chaque club. Cet appel avait été suivi par de nombreuses équipes de Bundesliga dans le but de mieux former et protéger leurs joueurs.

En 2016, la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels publiait une étude révélant que 37% des 262 footballeurs interrogés disaient avoir vécu des symptômes d’anxiété et de dépression.

En 2018, les basketteurs américains DeMar DeRozan et Kevin Love, multiples All-Stars, ont levé le voile sur ce tabou, en reconnaissant publiquement être dépressifs.
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En 2019, Kelly Catlin, triple championne du monde de poursuite sur piste et médaillée d’argent aux JO de Rio, se donne la mort à l’âge de 23 ans.
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Le sport de haut niveau n’immunise pas contre la dépression, que ce soit en début comme en fin de carrière.
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L’exemple récent du basketteur américain Larry Sanders, ou ceux du tennisman Andre Agassi et du nageur Ian Thorpe, rappellent que le mal de vivre, moins visible qu’un trauma physique, n’est pas rare dans ce milieu rythmé par la recherche constante d’excellence.

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La fin de carrière : une période charnière

Les athlètes sont mis en lumière pendant toute une partie de leur vie. Pourtant, arrive un moment, entre 30 et 40 ans pour les plus chanceux, où tout s’arrête. Une fracture particulière qui oblige à se réinventer. En effet, il faut faire le deuil d’une vie d’une intensité hors nomes. Le passage à une vie plus ordinaire peut alors sembler bien fade.

Au cours de cette transition, le sportif va devoir faire face à de nombreux bouleversements que nous pouvons regrouper sous 4 plans : physique, psychologique, environnemental et financier.

1) Le plan physique : Le corps a été l’outil principal du sportif durant toute sa vie. Il va devoir faire face au fait que soudainement, ce dernier n’aura plus la même utilité. Cela peut laisser place à une forme de mal-être, qui sera renforcée par la perte musculaire et les variations hormonales.

2) Le plan environnemental : Parmi les nombreuses contraintes auxquelles il a été soumises, il y a la vie sociale. L’athlète a vécu dans un microcosme (entraîneur, kiné, préparateur physique, etc.) qui était aux petits soins pour lui. Il va devoir faire face à de nouveaux codes et rompre cette dépendance.

3) Le plan psychologique : Lui qui n’avait tendance à se percevoir qu’au travers du regard de l’autre va progressivement rentrer dans l’anonymat. Il va passer du statut de héros où tout le monde l’appelle et l’adule, au statut de « retraité ». Cette baisse soudaine de reconnaissance peut sérieusement l’impacter.

4) Le plan financier : La majorité des sportifs ne gagnent pas des millions. L’impératif d’opérer rapidement une reconversion professionnelle est donc bien réel. Il faut aussi prendre en compte que les revenus perçus devront être revus à la baisse (sentiment de déclin).

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axes de travail pour se « reconstruire »

L’épreuve que doit traverser le sportif en fin de carrière est donc complexe. Un travail de rééquilibrage sur plusieurs plans va s’avérer nécessaire. Seul un accompagnement individuel avec un professionnel qualifié peut permettre un travail en profondeur. Je vais cependant tâcher de synthétiser théoriquement ici, les 3 axes de travail sur lesquels je m’appuie dans mes séances.

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1.  RETROUVER DU SENS 

➞ Faire le bilan : Qu’est-ce que cette carrière de sportif de haut niveau vous a apporté ? Quels talents, quels compétences (physiques, mentales…) on été acquises ? Cette étape est importante car elle va permettre de réduire le gap entre « vie passée » et « vie future ». L’avenir, ce n’est pas tirer un trait sur vos expériences, sinon faire en sorte de capitaliser sur celles-ci. 

➞ Connaissance de soi : On passe ici dans une logique d’exploration. Da façon générale, quelles sont vos valeurs, vos centres d’intérêt, ce qui vous procure du bien-être et ce dans quoi vous vous trouvez naturellement bon ? Cette étape permet d’élargir vos perspectives professionnelles à venir, tout en restant centré sur votre personnalité.

➞ Faire des liens : Comment pourriez-vous faire des liens entre les 2 étapes précédentes, c’est-à-dire entre les compétences acquises lors de votre expérience de sportif et vos autres centres d’intérêt ? N’hésitez pas à noter tout ce qui vous vient à l’esprit. ll peut s’agir d’un métier ayant de prêt ou de loin un lien avec le sport.

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2.  ÉTABLIR UNE STRATÉGIE 

➞ Définir clairement votre nouvel objectif : Après avoir travaillé sur le sens fondamental de ce qui vous anime, il est important d’affiner votre vision. Vous l’avez bien connue tout au long de votre carrière, la fixation d’objectif est une étape cruciale. Elle permet de poser un cadre, donne une direction, et entretient un sentiment de motivation au quotidien. 

➞ Dresser un plan d’acquisition de nouvelles compétences : Identifiez ici toutes les étapes qui vont vous permettre d’acquérir les nouvelles compétences liées à cet objectif. Cela peut passer par des formations (écoles, universités, programmes numériques…), mais également des entretiens avec des professionnels ou encore de simples lectures.

➞ Rechercher l’emploi désiré : Vous avez dessiné un nouvel objectif qui fait sens, vous avez maintenant les compétences nécessaires pour exercer, plus qu’à vous lancer dans la recherche d’emploi / ou la création d’entreprise le cas échéant. N’hésitez pas à faire marcher votre réseau ainsi qu’à mettre en avant vos qualités extraordinaires d’ancien sportif de haut niveau.

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3.  ENTRETENIR DE NOUVELLES HABITUDES ET RELATIONS

➞ Garder des routines sportives : Même si les enjeux ne sont plus les mêmes, il est important que vous gardiez des habitudes sportives ainsi qu’une bonne hygiène de vie. Que ce soit physiquement comme mentalement, cela va contribuer à amoindrir la rupture et vous obliger à rester dans une spirale positive, créatrice, dont vous êtes l’acteur.

➞ Identifier des personnes de confiance : Certaines personnes qui vont ont suivi dans votre carrière peuvent également être celles qui vont vous permettre de rebondir. La confiance que vous avez créée est précieuse. N’hésitez pas à leur parler de vos nouveaux projets et à rester en lien avec elles. Elles constituent votre noyau dur. 

➞ S’ouvrir à un nouveau réseau : Les nouveaux objectifs que vous vous êtes fixés font peut-être appel à de nouvelles qualités, de nouveaux codes. Côtoyer des personnes déjà expérimentées dans ces domaines ou encore ayant les même ambitions que vous, va vous permettre de surfer plus facilement sur ces nouvelles énergies et vous ouvrir à de nouvelles possibilités. 

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J’espère que cet article vous aura éclairé sur les problématiques de l’après carrière chez un sportif de haut niveau. Si vous êtes vous-même concerné ou si vous connaissez un athlète dans votre entourage qui se trouve dans cette situation, n’hésitez pas à en parler à un professionnel. Plus cette phase sera anticipée, plus elle se déroulera avec fluidité. 

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Article rédigé par Aurélie Rayet – Préparatrice mentale ©

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